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  • Nina Saccomano

Comprendre et accompagner les mineurs transgenres

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Le 20 mars dernier, le groupe parlementaire LR annonçait le prochain dépôt d'une proposition de loi visant à “restreindre” les transitions de genre chez les mineurs. Considérée par les associations LGBTQIA+ comme l’une des lois les plus transphobe d’Europe, elle constitue l’exemple par excellence de toutes les idées reçues concernant la question de la transidentité : explosion du phénomène de mode “transgenre”, augmentation des mutilations génitales, regret de la transition… mais qu’en est-il réellement


 

Autrice : Nina Saccomano


Titulaire d'une licence de philosophie et passionnée par les sciences sociales

 

Une “explosion” du phénomène transgenre ?


“Les séjours hospitaliers pour “transexuallisme” ont triplé entre 2011 et 2020 en France. De 536 à 1615 !”, c’est ce que défendent Les Républicains. Sauf qu’ici, on parle non pas de mineurs, mais d’adultes. Et ce chiffre est loin de démontrer qu’il y a actuellement une surmédicalisation des personnes transgenres, mais prouve plutôt qu’il y a peu d’opération chirurgicale irréversible.


Schéma lldes orientations de genre

L’augmentation du nombre de personnes trans s’explique. Pas par un “effet de mode”, mais parce que la prise en charge des personnes transgenres commence seulement à devenir moins violente, exclusive et psychiatrisante. D’ailleurs ce n’est qu’en 2016 que la transidentité a cessé d’être considérée comme un trouble psychiatrique. Du côté des mineurs, on ne peut pas non plus réellement parler d’explosion : seuls 0,73% des 15-19 ans s’identifient comme transgenres ? En France, cela représenterait moins de 30 000 personnes.



Une loi qui vise à interdire les “mutilations génitales” ?


La mesure la plus mise en avant par les Républicains est l’interdiction des chirurgies de changement de sexe sur les mineurs. Le problème principal de cette mesure est… qu’elle est déjà mise en place. Les chirurgies de réassignation sexuelle sont déjà interdites aux mineurs, à l’exception de la torsoplastie (autorisée à partir de seize ans bien que conditionnée par l’accord des parents). On recense moins de dix torsoplasties par an réalisées sur des moins de dix-huit ans. 


Les sénateurs de droite dénonçent donc une “mutilations génitales” pratiquées sur des enfants au nom d’une “idéologie transgenre”.  Si cette idée relève du fantasme, une autre réalité n’est étonnamment pas concernée par cette proposition de loi : les opérations de réassignation sexuelle des personnes intersexes dont près de 3000 enfants sont victimes par an. 


Pour ce qui est des prescriptions d’hormones ou de bloqueurs de puberté, en ce qui concerne les mineurs, on en dénombre un peu moins de 300 par an (un chiffre ambigu qui semble inclure le simple suivi psychologique). A noter que leurs effets semblent être entièrement réversibles selon les études les plus récentes réalisées sur le sujet.


Seuls 0,8% des mineurs trans font le choix de passer par un suivi médicalisé (incluant donc les suivis simplement psychologiques). Se focaliser sur la transition médicale comme si elle concernait tous les jeunes transgenres, démontre une ignorance des parcours majoritaires de transition. 


Quid des regrets d’avoir transitionné trop vite ?


L’argument qui est le plus utilisé pour défendre cette proposition de loi est que les mineurs, influençables et possédant si peu de maturité, pourraient choisir de transitionner et regretter leur choix, une fois parvenu à l’âge adulte. 


Si l’on reprend les chiffres, sur 0,8% de mineurs (des 0,73% des 15-19 ans s’identifiant comme transgenres) ayant réalisés une transition de genre médicale, on note un taux de 0,1% de regrets, ce qui représente… un seul et unique individu, regrettant d’avoir transitionné. 


Drapeau transgenre

Le pourcentage des personnes transgenres adultes regrettant leur transition est effectivement légèrement plus élevé (1%). Mais on notera que 83% d’entre elles disent regretter leurs transitions en raison de la transphobie dont elles ont été victimes depuis leur changement de genre. La large majorité des 17% de personnes restantes, bien qu’ayant détransitionné, disent ne pas regretter leur parcours. Elles expriment plutôt la conviction que la transition a été une étape importante dans le cours de leur vie, qu’elles ne souhaiteraient pas effacer si on leur en offrait la possibilité.


S’il y a une conclusion à tirer de ces débats, c’est qu’il est d’abord nécessaire de se renseigner. Plus nous - professionnel·les accompagnant·e - comprendrons les questions relatives à la transidentité, mieux nous accompagnerons. Cela passe par l’écoute et par l’acceptation des ressentis et des désirs des personnes transgenres. Rappelons, enfin, que la première cause de mortalité chez les personnes trans reste le suicide et que ce phénomène touche particulièrement les plus jeunes (qui sont souvent victimes de thérapies de conversion). 



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