On entend beaucoup de choses autour de la sexualité des personnes en situation de handicap mental… Elles ne seraient pas capables de consentir réellement à une relation affective ou à un rapport sexuel, de choisir elles-mêmes leur moyen de contraception ou de comprendre ce qu’un acte sexuel implique. L’éducation sexuelle représenterait même un danger pour cette partie de la population, puisqu’elle les pousserait à devenir sexuellement actif.ves !
Derrière ces nombreux préjugés, il y a surtout la peur (et le malaise) des familles et des professionnel·les de parler de sexualité aux personnes en situation de handicap mental. L’amour et le sexe sont, alors, pensés comme des choses dont il faut, impérativement, les protéger. Revenons donc sur tous ces points.
Autrice : Nina Saccomano
Titulaire d'une licence de philosophie et passionnée par les sciences sociales
La question du consentement
L’idée qui sous-tend le fait qu’il faut empêcher les personnes en situation de handicap mental d’entretenir des relations amoureuses ou sexuelles est qu’elles n’auraient pas la capacité de consentir de façon éclairée à ces actes. Plus largement, elles seraient trop vulnérables pour cela, ce qui donnerait lieu à un risque d’abus de faiblesse trop important.
Or, on constate que c’est justement le fait de refuser de parler de consentement et de santé sexuelle aux personnes en situation de handicap mental qui favorise les risques d’abus, d’absence de consentement et de comportements inappropriés ou dangereux. Le fait de ne pas être informé sur ses droits (en termes de consentement entre autres) vulnérabilise la personne, qui ne sera, alors, pas apte à constater qu’elle se trouve dans une situation d’abus et qu’elle dispose de ressources pour s’en protéger.
✔️ Les personnes en situation de handicap mental ne comprennent pas à quoi elles consentent lorsqu’elles acceptent de se livrer à un acte sexuel et/ou elles ne savent pas reconnaître un viol ou une situation d’abus ? Raison de plus pour leur apprendre tout ça !

A côté de ça, il reste un vrai travail à mener pour ce qui est du libre-choix éclairé de son moyen de contraception. Aujourd’hui encore, les personnes en situation de handicap mental, lorsqu’elles manifestent la volonté de devenir sexuellement actives sont trop souvent victimes de castration chimique ou de stérilisation pure et simple (et ce, sans leur consentement !). Même lorsque les modes de contraception choisie sont plus “doux” (comme la pilule ou l’implant par exemple), le personnel accompagnant ou la famille ne prend que rarement la peine de discuter avec la personne concernée des types de contraception disponibles et de leurs avantages ou inconvénients respectifs. Or, toute personne devrait disposer des informations nécessaires pour pouvoir réellement choisir ce qui lui convient le mieux et non subir le choix effectué par un.e autre. On constate d’ailleurs que les personnes sont plus assidues dans la prise de leur moyen de contraception et qu’elles prennent moins de risques lorsqu’elles ont pu réellement décider du type de contraception qui leur convenait le mieux et lorsqu’on leur a fourni de vraies explications sur le fonctionnement du moyen de contraception choisi.
L’accès à l’information et à des programmes de santé sexuelle est, donc, fondamentale pour la protection des personnes en situation de handicap mental et pour qu’elles puissent réellement consentir à la fois à des actes sexuels et à des types de contraception.
Pour des programmes d’éducation sexuelle plus adaptés aux personnes en situation de handicap mental
Mais même lorsque des programmes visant à l’éducation sexuelle des personnes en situation de handicap mental sont mis en place, ils sont encore trop souvent inadaptés aux spécificités du public ciblé. Les modes de transmission de savoir ne sont pas repensés et l’enseignement prend principalement la forme de longs exposés théoriques, que les personnes concernées jugent peu clairs ou trop difficiles à suivre. Des solutions commencent tout de même à émerger.
Dans le cadre des programmes d’éducation sexuelle, les recherches participatives (recherches qui incluent les personnes concernées en tant qu’expertes de leur propre situation) ont contribué à rendre les enseignements plus accessibles : par exemple, le recours à des images et/ou à des objets manipulables s’est avéré plus efficace que les explications orales.
✔️ La recherche Mes amours, réalisée avec des personnes trisomiques, va complètement dans ce sens. Exit les longs exposés théoriques, les personnes ont, à la place, rassemblé ou construit des objets, des dessins, des collages, des sculptures ou des photographies qui évoquaient pour eux la vie sexuelle et sont parties de ces images et de ces objets pour créer de nouvelles façons parler de sexe.
Elles ont aussi parlé ensemble de leurs représentations autour de la vie sexuelle et affective. Tu trouveras un extrait de ces discussions ici 👇
L’autre conclusion principale des recherches participatives, c’est que les cours d’éducation sexuelle fonctionnent mieux lorsqu’ils sont dispensés directement par (ou en binôme avec) un.e éducateur.ice également en situation de handicap mental. Cela permet à l’intervenant.e d’être plus attentif.ve aux difficultés spécifiques que pourraient rencontrer son public et d’aborder les choses sous un angle différent - un angle que n’envisagerait peut-être pas une personne valide. Les personnes elles-mêmes en situation de handicap sont aussi jugées, par leurs pairs, plus crédibles et plus faciles à écouter que les intervenant.es valides.
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